Le monde a besoin du journalisme d’investigation

Les médias du monde entier pourraient être confrontés à une crise grave avec l’effondrement des modèles économiques, une répression accrue dans de nombreux pays et un manque de confiance de la part du public. Mais le journalisme d’investigation est de nouveau florissant. En Afrique par exemple, les réseaux d’investigation de journalistes se multiplient. Des journalistes courageux du monde entier dont certains de ceux qui, au péril de leur vie, révèlent des questions importantes pour la société et les personnes vulnérables, se réunissent chaque année à l’occasion de plusieurs événements qui leur sont dédiés. Un accent particulier a été mis cette année sur les nombreux nouveaux outils axés sur les données. Les nombreux journalistes qui ont le courage, la volonté et le talent nécessaires pour dénoncer les injustices, les agressions contre les minorités, l’extrémisme et le terrorisme, la corruption, la fraude, la cupidité et la tricherie sous toutes leurs formes le font parfois au détriment de leur confort, voire de leur vie.

De la tentative d’objectivité à l’engagement transparent

Le genre du journalisme d’investigation s’éloigne d’une tentative d’équilibre et d’objectivité au profit d’une transparence engagée. C’est-à-dire qu’il n’est pas seulement normal, mais aussi attendu que de bons journalistes prennent position et travaillent pour le bien de l’humanité et des sociétés. La clé est d’être ouvert et transparent au sujet des méthodes de travail. En Suède, le bureau d’enquête du radiodiffuseur public qui fait l’objet d’une grande admiration, aspire à suivre les principes de l’État de droit : toute personne accusée d’actes répréhensibles dans ses enquêtes doit bénéficier des mêmes principes que ceux du système judiciaire. Tous les éléments de preuve leur seront présentés et ils auront suffisamment de temps pour réagir. Tout cela pour que les médias ne rendent pas de jugements sans conditions équitables pour que les accusés puissent préparer leur défense.

Il est réconfortant de voir que l’éthique et la sensibilisation à l’éthique jouent un rôle clé. Le mot d’ordre du journaliste d’investigation est clair : « demandez-vous toujours si vous êtes juste et si vos méthodes journalistiques peuvent être justifiées ».

Comprendre le public pour mieux partager les conclusions des enquêtes

Il y a parfois un problème lié aux enquêtes qui n’intéressent qu’une élite restreinte. Les journalistes d’investigation peuvent être parfois extrêmement ennuyeux et ne présentent pas leurs rapports d’une manière qui soit facile à comprendre. Un effort de vulgarisation est nécessaire. Une autre leçon à retenir est la prise de conscience qu’il est possible d’obtenir de meilleurs résultats et d’avoir plus d’impact avec son journalisme si l’on partage ses connaissances et ses données avec ses collègues au niveau national et international. Plusieurs réseaux de journalisme d’investigation à travers le monde ont créé des bases de données, permettant à d’autres journalistes d’accéder à des informations qui pourraient être essentielles à la poursuite de leurs enquêtes. Ces bases de données communes facilitent les enquêtes transnationales et tendent à mieux refléter la manière dont les crimes sont commis au-delà des frontières. Les organisations de médias du monde entier doivent être plus innovantes dans leur approche du développement numérique rapide et expérimenter des solutions innovantes. Les médias traditionnels ont encore du retard à rattraper et à améliorer leur état d’esprit numérique. L’un des moyens d’y parvenir est l’innovation et le transfert de connaissances des technologies et des médias.