Et si nous laissions les journalistes travailler ?

Dans le meilleur des cas, il est difficile d’être journaliste, et pas seulement dans les régimes dictatoriaux. Les journalistes sont presque toujours parmi les professionnels les moins bien payés, mais la plupart d’entre eux ne pratiquent pas le journalisme pour l’appât du gain, contrairement à ce que l’on pourrait penser. La plupart d’entre eux sont animés par des choses plus simples, comme l’idéal de vouloir changer le monde.

La quête du maximum d’objectivité

L’une des choses que les écoles de journalisme enseignent aux futurs professionnels, c’est la nécessité d’être objectif, ce qui est évidemment impossible parce qu’aucun d’entre nous ne peut se débarrasser complètement de son bagage historique, social ou politique. Cela a forcément plus ou moins élevé un impact sur le journalisme, ce qui rend difficile le fait d’être totalement objectif. Même les histoires que les journalistes choisissent de couvrir ou d’ignorer indiquent un certain niveau de subjectivité. La nécessité d’être justes et respectueux envers les personnes et les sujets est ici cruciale. Lorsque l’on aborde tout avec respect, il est plus facile d’être professionnel et de se détacher de tout attachement émotionnel. La nature du journalisme est telle qu’il ne faut pas tomber dans le piège d’écrire sur ce que le journalise pense au profond de lui-même. Très souvent, il interroge des personnes avec lesquelles il n’est pas d’accord avec véhémence, mais le professionnalisme exige un traitement similaire pour tous.

Le flou entre l’opinion et le journalisme neutre

Dans le passé, il y avait toujours une ligne claire entre les nouvelles et l’opinion dans les médias. Les pages d’opinion étaient clairement marquées et les rédacteurs d’opinion n’étaient pas les mêmes que ceux qui écrivaient les nouvelles. Ces dernières années, pour diverses raisons, il y a eu un flou entre les rédacteurs d’opinion et les journalistes. Cela a fourni des munitions à ceux qui pensent que les médias sont leurs ennemis et que les journalistes qui ont exprimé certaines opinions ne seront jamais capables d’être objectifs sur quelque question que ce soit. La plupart des journalistes, au cours de leur carrière, auront couvert toute une gamme d’histoires et de thématiques, représentant des opinions politiques différentes. La plupart des gens qui ont besoin des médias sont à l’aise avec le journalisme tant qu’il sert leurs intérêts. Mais dès que les histoires négatives commenceront à apparaître, ces personnes se retourneront contre les médias.

Le rôle des médias est de rendre compte des bons et des mauvais éléments de la société. Rapporter uniquement les points positifs, c’est déjà renoncer quelque part au journalisme. La chose la plus difficile à faire est de reporter intelligemment les faits, quels que soient les désaccords. A l’approche des élections, dans tous les pays du monde, les journalistes sont pris à parti. Il appartient à chacun, et pas seulement aux journalistes et aux hommes politiques, de veiller à ce que les médias puissent faire leur travail sans menaces et sans crainte. Dans le cas contraire, nous courons le risque de passer à côté d’événements importants dans notre démocratie, qui pourraient ne pas être publiés par peur. Les médias ne sont pas parfaits, mais les journalistes devraient être autorisés à faire leur travail, qui est d’informer le public. C’est bien sûr plus facile à dire qu’à faire.